Notre mag
Retour de pêche à Vilanculos
Vilanculos au Mozambique est une petite ville côtière bordée de cocotiers, la ville vit au rythme des arrivées des bateaux de pêche.
Vilanculos à marée basse
Protégée par la baie, la longue plage bordée de cocotiers
qui longe Vilanculos semble endormie sous le soleil accablant de ce
début d'après-midi. La marée basse offre, comme à son habitude, des
paysages marins d'un rare contraste.
A perte de vue, apparaissent des bancs de sable blanc plus
ou moins larges et séparés par des chenaux, formant ainsi, avec l'aide du soleil, un dégradé de bleu et de vert à l'infini.
C'est le moment de la journée où la plage est la plus
calme. Seuls quelques pêcheurs s'affairent à réparer leurs bateaux pendant
que d'autres, à pied, traquent les poulpes piégés dans les trous d'eau.
A marée basse, les voyageurs étrangers profitent des bancs de
sable pour s'offrir de superbes promenades entre terre et mer. Le temps passe lentement, dans le bruissement des feuilles
de cocotiers soulevées légèrement par la brise venue de l'océan.
Vilanculos à marée haute
Puis, peu à
peu, les courants s'inversent. L'eau remonte doucement d'abord, puis de plus en plus
vite. Les bancs de sable disparaissent progressivement.
Au large, comme des
mirages posés sur l'eau, les îles de Bazaruto et de Benguera semblent flotter sur
cet océan. Baignés dans cette lumière blanche, quelques points sombres et flous pointent à l'horizon, qui deviennent bientôt 5, 10, 20 embarcations colorées se rapprochant de la côte . Doucement, elles sont portées par les courants et le vent
arrière.
Les pêcheurs, partis parfois depuis douze heures, mettent le cap
sur la plage de Vilanculos et reviennent au port.
Les femmes de la plage
Dès les premiers signes de retour de pêche, la plage se
réveille, comme par magie. De tous les chemins de sable qui arrivent de la
ville, apparaissent alors les acteurs
de la plage de Vilanculos. Véritable spectacle quotidien, cette pièce met en scène des acteurs, ayant chacun un rôle précis. Bientôt, la plage devient un véritable théâtre à ciel ouvert.
Ce sont en majorité des femmes aux tenues bigarrées
qui dévalent le petit talus de sable pour rejoindre la plage. Elles portent presque toutes une bassine de couleur qui leur servira à décharger le poisson. Elles sont régulièrement accompagnées d'enfants en bas âge,
pour qui le retour de pêche semble être une grande récréation.
En attendant le déchargement, d'autres femmes portent sur leur tête
des bassines ou plateaux déjà remplis de beignets, bananes, arachides ou
autres sucreries qu'elle vendent sur cet espace dédié.
Au fur et à mesure que la marée remonte sur cette plage de Vilanculos, les limites reculent alors que les bateaux ne sont pas encore là. C'est un moment hors du temps. Les femmes distribuent entre elles les
nouvelles des quartiers, les enfants jouent comme partout, les garçons
les plus vieux improvisent un match de football endiablé sur le sable encore
dur, entre les barques restées ancrées et les limites mouvantes du terrain.
L'arrivée des bateaux
Les premières barques se rapprochent et laissent deviner, peu à peu, des embarcations usées, tenant parfois sur l'eau par miracle. Elles sont menées par des équipages fatigués des longues heures de pêche sous le soleil, et
dans le vent omniprésent dans cette région du Mozambique. Plus les voiles se rapprochent, plus l'ambiance sur la
plage se charge d'électricité.
Les bateaux sont maintenant là et à chaque
arrivée les femmes se précipitent dans l'eau pour pouvoir participer au
déchargement des poissons. Les règles sont précises sur qui peut, ou ne peut pas, décharger le poisson. Les échanges se terminent
parfois par quelques cris, voire quelques empoignades sans conséquence, puis un
rapide retour à la bonne humeur.
La quasi totalité des bateaux est maintenant de retour. Des va-et-vient incessants de femmes, portant sur leur tête les bassines pleines
de poissons vers la plage, n'en finissent plus. La plage est maintenant ponctuée de tas de poissons argentés qui
brillent à même la plage, entourés d'acheteuses et de curieux (le poisson est en
majorité une petite espèce ressemblant à des sardines).
Quelques poissons plus nobles et crustacés sont parfois
visibles. Ils sont généralement réservés à des clients privilégiés, et ne transitent pas par la plage.
La distribution des poissons
Dans ce joyeux brouhaha où tout semble chaotique, chacun a un rôle précis et tout semble se dérouler jour après jour de la même
manière, sans faute.
Les barques qui arrivent sont déchargées sous la
direction du capitaine ou du propriétaire du bateau par des femmes qu'ils ont choisies. Les marins écopent l'eau restée dans le bateau, puis remontent vers le
haut de la plage, puis vers les maisons, chargés de leur matériel, parfois abîmé mais tellement
précieux (cordage, filet).
Pendant ce temps, les ventes s'organisent sur la plage.
Une fois la pêche déchargée, les négociations sur le prix et les quantités
attribuées à chacune peuvent commencer. De longs échanges, ponctués par
intermittence de haussements de ton et de rires accompagnent les négociations.
L'ordre de répartition est le suivant :
- une part est réservée si besoin à la famille du capitaine
- la priorité est ensuite donnée aux femmes ayant passé commande avant le départ
- le reste est vendu aux acheteuses potentielles
Aucun échange de billet ne se fait sur la plage. Tout le
monde se connait, le capitaine ou un membre de sa famille va récupérer
l'argent plus tard dans chaque maison. La répartition est maintenant faite. En un éclair, sur l'accord du
responsable de la vente, le tas de poisson scintillant disparaît
dans les bassines des femmes. Le poisson prend alors la direction du
marché pour être revendu avec un petit bénéfice, ou bien la cour des maisons pour être séché. Il sert pour les futurs repas, ou pour être revendu séché à des
commerçants venus de l'intérieur des terres.
Cette chorégraphie colorée et bruyante sur fond de
paysages marins, somptueux, ponctuée de cris d'enfants et d'oiseaux, se répète à
chaque marée. Tout au long de l'année, sauf le dimanche et également de Février à Avril où la pêche n'est pas autorisée.
Le dimanche très peu d'embarcations prennent la mer. Dans
ce pays, la population est très pratiquante, et le dimanche est réservé à l'église en famille le matin. Ce
jour-là, pourtant, la plage n'est pas abandonnée, elle devient un lieu de
promenade et de rencontre. On y vient en famille, les enfants se baignent, les
parties de foot s'improvisent et certains pêcheurs en profitent pour faire
quelques réparations sur leurs barques, avant de repartir en mer
le lendemain. Tout semble classique sur cette plage. Et puis à un moment, on s'aperçoit que le dimanche est également le jour choisi par les habitants
pour venir laver leurs cochons dans les eaux turquoises de l'océan Indien.
Plus
loin, à l'ombre des cocotiers, le sable tiède accueille quelques marins
endormis et fatigués par un samedi soir bien arrosé.
Les embarcations ne sont pas toutes en très bon état. Le
manque d'étanchéité oblige les marins à écoper régulièrement pendant les
longues sorties en mer. Les voiles sont presque toutes faites de bâches en plastique,
le matériel est aussi usé par tant d'utilisation. L'espace est exigu,
mais les couches successives de peinture colorée et la bonne humeur des marins
font de la plage de Vilanculos une étape authentique et incontournable.
Texte écrit par Laurent Girard.
Vous avez envie de découvrir la plage de Vilanculos, découvrez nos idées de voyages.
Contactez Laurent pour créer votre safari sur-mesure : @ : laurent.girard@sous-lacacia.com
Tél : +33 (0)4 82 53 99 33
Lisez aussi :