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"Pole Pole" pour l'ascension du Kilimandjaro

Afrique / Kilimandjaro / Récit de voyage / Tanzanie 2
L'ascension du Kilimandjaro, le toit de l'Afrique,  est un rêve pour tout randonneur et amoureux de l'Afrique. En ce début d'année, notre petit groupe de trekkeurs se prépare pour gravir le mont par la voie Lemosho.

1er jour : D’un monde à l’autre, de l'Europe à L' Afrique


9 janvier,  Arrivée à Nairobi et route jusqu’à Arusha. Les grands nuages se déchirent au-dessus du Mont Méru. Nuages d’orage sec qui diffusent une lumière sépia sur laquelle les acacias découpent des silhouettes élégantes. Lumière fugitive que nous savourons depuis la route de Nairobi. Un peu hallucinés au premier jour du voyage, nous absorbons les images, les sons et les odeurs au travers d’un étrange filtre spatio-temporel. Il y a quelques heures à peine c’était l’Europe et l’hiver, maintenant l’Afrique déferle sur nos sens et nous étourdit de son exubérance.
Arrivés par le vol du matin dans la capitale kényane, nous avons ficelés tant bien que mal nos gros sacs sur la galerie du vieux bus et embarqués pour les 300 kilomètres de routes et de pistes poussiéreuses vers la frontière tanzanienne et les abords du Kilimandjaro. Le passage de frontière nous a immédiatement plongés dans la truculence africaine. Tumulte des bus qui se croisent entre les barrières, petites tracasseries administratives, innombrables marchands de bibelots qui se précipitent sur nous avec une avidité joyeuse. Inutile de refuser, ce lion sculpté dans l’ébène est absolument authentique et son prix tragiquement sacrifié…
La lumière est écrasante, et il flotte une suave odeur d’épices et de fruits mûrs. Enfin les coups de tampons salvateurs, la grande barrière se soulève lentement en signe de bienvenue sur le sol tanzanien. La chaleur nous cueille gentiment dans le bus bondé. Somnolences et instants d’excitation lorsque soudain on croit apercevoir tout là haut les neiges du Kili. Mais ce n’est qu’un nuage.
Vue du Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Vue du Kilimandjaro @Sous l'Acacia

Ambiance africaine

Pour arriver au pied du Toit de l’Afrique, le candidat summiter a deux solutions soit voler jusqu’à Nairobi, comme nous l’avons fait, et prendre un bus pendant une demi journée, soit atterrir directement au Kilimanjaro International Airport, situé à une Cinquantaine de kilomètre d’Arusha. La ville est le centre administratif et commercial de la région. Elle constitue le terminus de la voie de chemin de fer qui conduit aux grands ports de l’océan Indien, Mombasa au Kenya et Tanga en Tanzanie. Coton, café, bananes ou sisal venus de la ceinture de culture du pied du Kilimandjaro transitent par l’immense marché d’Arusha. Le centre ville a tous les traits d’une fourmilière en activité permanente. A notre arrivée, le vent  s’est levé et emporte des nuages de poussière dans lesquels se noie une frénésie étourdissante. Englués dans une circulation urbaine pour le moins chaotique le temps s’arrête et nous devenons spectateurs (plus ou moins) immobiles d’une vie bien mystérieuse qui s’écoule sous nos yeux. La grande agglomération de 160 000 habitants est également le siège du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) mis en place par les Nations unies en novembre 1994 pour juger les responsables du génocide rwandais. La densité des rues semble lentement se réduire  au fur et à mesure que nous montons sur une piste encadrée de petites maisons basses. La pente se redresse lentement sur les flancs du Mont Méru. Le grand volcan de 4 562 m, deuxième plus haut sommet de Tanzanie après le Kilimandjaro, a été rebaptisé Socialist Peak sans grand succès. L’ensemble de son territoire est intégré au Parc national d’Arusha et abrite une faune très riche (girafes, singes, buffles, zèbres…). L’ascension du Mont Méru peut constituer une excellente acclimatation avant de se lancer sur les pentes du Kili. Trois jours au minimum sont nécessaires pour atteindre le sommet après avoir traversé des écosystèmes très variés et des paysages somptueux avec vue panoramique sur le prestigieux voisin. Aux dernières lueurs du jour nous pouvons déguster un jus de mangue dans la fraîcheur du soir, les pieds dans l’herbe rase de l’Oasis lodge. Première soirée tanzanienne, au son des grillons dont le rythme lancinant berce bientôt les rêves d’une poignée de candidats aux extases d’un sommet qui semble encore bien lointain…
Plan de la Tanzanie @Sous l'Acacia
Plan de la Tanzanie @Sous l'Acacia

Notre équipe de trekkeurs pour le Kili

Notre petite équipe est constituée de neuf trekkeurs dont les expériences montagnardes sont pour le moins disparates. Ophélie, Fred, Ludo, Jeremy et Bernard viennent des environs de Perpignan. Amis de longue date, grands amateurs de voile et d’aviation, ils n’ont en revanche jamais fait de trek.
Pourquoi le Kili ? Selon Fred :  « c’est l’un des lieux mythiques de la planète et nous avions envie de nous mesurer à ce rêve de gosse, gravir le Kilimandjaro, fouler les neiges d’Hemingway, même si nous savions que ce serait difficile… Ludo et moi ne sommes pas des grands sportifs, Bernard et Jérémy, en revanche, courent le marathon. Il y avait pour nous aussi une dimension d’équipage, comme sur un bateau. Nous étions unis et solidaires, embarqués dans cette ascension inconnue ». Seule exception dans le petit groupe d’amis, Ophélie a une grande expérience de la montagne. Elle est originaire de l’Oisans, fille d’un guide des Ecrins et monitrice de ski l’hiver. Michel et Pierre viennent de Lyon, ils sont alpinistes et pratiquent la montagne régulièrement. Pour Pierre cette tentative est la deuxième. « Le mauvais temps m’a fait renoncer il y a trois ans, nous avons subi une forte tempête au-dessus de 5 500 m, ce genre d’échec est fréquent sur le Kili… ». Enfin, Joss et Camille ont longtemps travaillé ensemble avant de profiter de leurs retraites pour faire des treks. Camille est le doyen du groupe. A 69 ans, il s’entraîne régulièrement et affiche une forme olympique au pied d’une montagne qu’il n’imaginait pas avoir l’occasion de gravir un jour. Demain toute l’équipe fera connaissance avec ses guides tanzaniens et avec la trentaine de porteurs  qui nous accompagneront pendant les 9 jours d’ascension.

2ième jour, Premiers pas dans la forêt tanzanienne

10 janvier, Montée depuis Londorossi Gate (2 200 m) jusqu’au camp de Mti Mkubwa (2 650 m), + 450 m. 3 h.

Les porteurs du Kilimandjaro

Première étape dans la ceinture forestière.La benne du camion est lourdement chargée d’hommes qui s’accrochent aux épais barreaux métalliques. Sitôt le véhicule arrêté, ils sautent au pied d’un gros acacia où sont amoncelés des sacs grossièrement cousus. Chacun tente d’en saisir un avant son voisin, il y a plus de sacs que d’hommes et nous assistons à un jeu de chaises musicales un peu étrange mais finalement plutôt joyeux. La scène en dit long sur l’attrait économique que suscite le tourisme sur la montagne. Ces hommes sont pour la plupart des Chaggas originaires des villages situés aux abords du Kili. Mais beaucoup d’entre eux viennent de Moshi ou d’Arusha, voire de plus loin. L’attrait de la rémunération est suffisamment important pour que des candidats sans aucune expérience de la montagne se présentent aux guides pour être recrutés. Mais ce matin, tout le monde ne pourra pas rejoindre notre caravane d’une cinquantaine de porteurs. Ceux qui n’auront pas pu saisir de sac de portage tenteront leur chance auprès d’un groupe d’Allemands qui a posé ses charges un peu plus loin. Nous sommes à la porte Londorossi, l’une des « gate » qui donnent accès au Parc national du Kilimandjaro (KINAPA). Deux maisons en bordure de forêt et les gardes qui contrôlent consciencieusement les autorisations.
Un porteur du Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Un porteur du Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Nous sommes à 2 200 m d’altitude en lisière supérieur de la couronne de cultures qui encercle le Kili. Cette frontière marque les limites de deux univers de plus en plus antagonistes. En aval, le monde chagga est celui des cultures et de la montagne paysanne. La densité de population très importante (jusqu’à 500 habitants au km2) illustre les atouts naturels de ces piémonts tanzaniens. Fertilité des sols volcaniques, abondance des précipitations, douceur des températures ont développé la « ceinture café-banane » mise en place par les colons allemands avant de devenir l’étage de référence de l’identité chagga.  Avec la privatisation et la parcellisation des terres,  les cultures se sont considérablement diversifiées et le maïs, les haricots, les patates douces, le taro, les tomates ainsi que l’élevage de vaches laitières et de chèvres sont venus concurrencer les activités traditionnelles en déclin (sisal et café).

Préparation des sacs pour le Kili

Pour rejoindre le point de départ de la voie Lemosho, la piste traverse les petits villages chagga situés dans la partie supérieur de la zone de culture. Les maisons sont construites en planches épaisses  et recouvertes de taules grossières. Certains d’entre eux sont blottis contre les grands arbres qui marquent les limites de l’étage protégé du Kilimandjaro. Le parc national du Kilimandjaro (KINAPA) qui dépend du Tanzanian National Park (TANAPA) réglemente sévèrement les activités humaines. Cette protection fait toutefois l’objet de nombreuses transgressions, notamment sous forme de cultures illicites installées dans des clairières de haute montagne discrètement dégagées. Plus graves sont les compromissions de l’état tanzanien envers l’industrie du bois qui ont laissés perdurer une situation de déforestation chronique. Le lourd camion qui avait auparavant collecté les candidats porteurs dans les villages environnants, a quitté Landorossi pour rejoindre le pied du sentier. Chacun a maintenant son sac de charge soigneusement pesé à l’aide d’une balance. Le poids moyen se situe aux alentours de 18 kg, si l’on rajoute 2 à 3 kilos d’effets personnels, chaque porteur est chargé d’une vingtaine de kilos. Les discutions sont allées bon train entre Prosper Kamili, notre chef guide et certains porteurs qui souhaitaient  éviter les accessoires les plus encombrants. Les candidats ne se sont guère précipités autour de la batterie de cuisine et des armatures de la tente messe.
Les indispensables du Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Les indispensables du Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Au bout de la piste chaotique il y a un ultime village où les gamins hésitent entre timidité et curiosité. Chaque porteur saisit sa charge et disparaît bientôt, mangé par la forêt. Coté touristes le démarrage est rendu un peu laborieux par la torpeur qui s’est installée tout au long de cette journée d’attente. Un peu d’hésitation aussi, face à cette forêt opaque au-delà de laquelle chacun échafaude les perspectives d’une ascension encore bien énigmatique.  La marche est lente et mesurée, notre équipe semble concentrée sur ces premiers pas et sur la forêt qui nous enlace. Entrer dans le territoire du Kilimandjaro a quelque chose de solennelle. Nous sommes désormais sur la montagne, prêts à confronter nos rêves de gosse à la réalité. Les espoirs de sommet lumineux se télescopent avec des perspectives plus inquiétantes, mauvais temps, épuisement, mal des montagnes. Du coté de la bande d’amis de Perpignan le mot d’ordre est « Pole pole », ce qui signifie « doucement » en swahili, le premier mot que les guides apprennent à leurs clients. Le Kili s’apprivoise avec lenteur et patience. Ici plus qu’ailleurs, rien sert de courir, il faut se faire accepter par la montagne et se fondre dans ses lumières, ses formes et ses odeurs… Senteurs de jungle humide, parfums de fleurs épanouies mêlé de l’humidité de la tourbe et de l’ombre fraîche des arbres immenses comme le Dea kilimandsa qui dépasse allègrement les trente mètres de haut, Marcher silencieusement au murmure de la forêt ponctué du cri un peu étrange des singes Colob Guereza qui rythme le pas de nos premières heures sur le Kili. 

3ième jour :  Trekkeurs dans la bruyère en sursis du Kilimandjaro

11 janvier, Mti Mkubwa (2 650 m), camp de Shira 1 (3 610 m), + 960 m. 7 h.

Sortie de la ceinture forestière, montée sur les flancs du volcan Shira.Hier soir le camp de Mti Mkubwa à 2 650 m ressemblait à un camping de la côte d’azur une veille de 15 août. Les tentes étaient imbriquées pour contenir trois groupes dans la petite clairière entourée d’arbres immenses. Malgré la promiscuité, l’ambiance est restée bonne enfant et chacun a pu échanger ses impressions de première étape. La forme physique semble plus ou moins au rendez-vous (certains ont importés clandestinement quelques rhumes et bronchites européennes). Les paysages sont prometteurs, même si on n’a pas encore vu grand-chose mais l’ambiance est là.
Ce matin le grand beau temps est au rendez-vous, rapidement la forêt devient clairsemée et laisse place à un étage de bruyères.  Des traces d’incendies récents sont encore visibles. Notre guide Prosper Kamili est un peu perplexe. « Depuis cinq ans une route a été tracée pour atteindre la plateau de Shira et le paysage a totalement changé. Il y avait autrefois à la sortie de la forêt une zone de bruyères géantes qui a presque totalement disparue à cause d’incendies répétés qui sont très difficiles à maîtriser. Certains ont duré plusieurs mois, sans que l’on puisse éteindre les cendres qui créaient de nouveaux feus dès que le vent se levait.  Je pense que ces feux sont allumés par les  habitants des villages qui viennent enfumer les essaims d’abeille pour récolter le miel. Eux rétorquent que ce sont les touristes qui les provoquent à cause des campements. Mais cela fait des années que les réchauds au kérosène ont totalement remplacés le bois dans sur les flanc du Kili... ». Cette opposition entre tourisme et paysannerie est née du contrôle imposé par le Kilimandjaro National Park (KINAPA), lors de sa création en 1973. Ces nouvelles règles ont ainsi modifié le mode de vie des pasteurs Masaï qui montaient autrefois faire leurs transhumances sur le plateau de Shira, à 3 500 m d’altitude.
Masaï sur le Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Masaï sur le Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Dans le même temps, le développement touristique ouvrait de nouvelles perspectives économiques sans toutefois constituer une alternative satisfaisante à la déstabilisation culturelle. James Kabibara est responsable du secteur écologie au sein du KINAPA, il insiste toujours sur la complexité de préserver un espace sans entraver son développement économique. « La pression des cultivateurs est de plus en plus forte, ils veulent développer leurs champs au détriment de la forêt. Déjà celle-ci a été considérablement réduite sur le versant nord près du village de Rongaï. C’est pourquoi les limites du parc tendent aujourd’hui à englober la forêt équatoriale afin de la protéger. Dans le même temps, il est important que les agriculteurs comprennent que leur patrimoine naturel est pour eux source de richesse. L’immense attrait touristique de la montagne nécessite sa protection. Nous devons donc veiller à ce que l’environnement ne soit pas dégradé par les quelques 40 000 touristes qui entrent dans le parc chaque année.  Parmi eux environ 30 000 atteignent le sommet, compte tenu de la saisonnalité, cela fait parfois beaucoup de monde sur le Kil… ». Ces voies demeurent peu nombreuses et une majorité de trekkeurs se concentrent sur les deux plus fréquentées (la Marangu et la Machame), avec des sens de montée et de descente imposés.

La voie Lemosho

Pour cette ascension, nous avons la chance de pouvoir suivre un itinéraire plus original qui permet de traverser le massif d’ouest en est. La première partie se situe sur la voie Lemosho jusqu’à Lava Tower où nous empruntons la montée directe par le versant ouest d’Arrow Glacier. Une pente raide bordée d’éperons rocheux sur lesquels ont été tracées les rares voies d’alpinisme du Kilimandjaro. L’itinéraire débouche en bordure ouest du cratère. Il suffit ensuite de remonter les pentes neigeuses faciles pour atteindre l’arête sommitale plate et large jusqu’aux 5896m fatidiques.
Lemosho gate @Sous l'Acacia
Lemosho gate @Sous l'Acacia
Pour ce périple nous avons choisi de passer une nuit dans le cratère pour profiter de l’ambiance extraordinaire des levers de soleil sur les glaciers est. La descente se fera par la voie Marangu pour rejoindre Barafu, puis la Selle entre Kibo et Mawenzi avant de descendre par la voie Rongaï, plein nord. Un itinéraire en traversée qui aurait pu être encore plus complet et grandiose si nous avions obtenu les autorisations de descendre par le grand Barranco au pied du Mawenzi. Mais cette descente n’est pas entretenue et les autorités ne veulent pas prendre le risque d’avoir à intervenir sur ces zones difficiles d’accès pour secourir des trekkeurs en perdition. Eric Christin a créé l’agence Nature Discovery et a passé une vingtaine d’années au pied du Kili, il comprend la position du Kinapa sur la gestion des voies d’accès. « Autrefois le Kili était gravi par des montagnards, aujourd’hui on voit arriver des candidats au sommet qui n’ont parfois jamais marché sur un sentier. Le parc ne peut pas se permettre de laisser les gens faire n’importe quoi sinon il passera sont temps à faire du secours. Nous avons participé à l’élaboration d’un « planning unit » qui répertoriait en plus des voies classiques, des itinéraires destinés à faire découvrir les richesses naturelles et ne conduisaient pas au sommet. Nous souhaitions également développer des voies d’ascension plus engagées et isolées sur le versant nord, mais nous nous sommes heurtés au mur des tracasseries administratives et de la corruption. Il faut savoir que les enjeux économiques sont très importants. Le Kinapa représente plus de 50 % des revenus de tous les parcs nationaux. La Tanzanie parvient à maintenir une vraie  politique de protection ce qui est exceptionnel pour un pays en voie de développement. Je sais que le directeur des parcs nationaux doit se battre au quotidien pour préserver ses budgets, en particulier sous la pression du monde agricole, et continuer à entretenir des parcs très peu fréquentés, notamment dans le sud du pays. Cela est possible grâce à l’argent du Kili… ».  

4ième jour : Aux portes de l’altitude au pied du Kilimandjaro

12 janvier, Camp de Shira 1 (3 600 m), Camp de Shira 2 (3 900 m), sur les crêtes de Shira. +600 m -300. 7 h.

Montée et traversée sur les crêtes et le plateau du volcan Shira.Nous sommes quelques uns à avoir réglé le réveil sur une heure très matinale histoire de profiter des belles lumières du matin. Le climat équatorial combiné aux fortes amplitudes thermiques provoque la formation de nuages qui bourgeonnent rapidement pour couvrir toute la montagne vers 10h. Les précipitations parfois orageuses sont fréquentes l’après-midi. Le monde du Kili appartient donc à ceux qui se lèvent tôt. Nous avons ce matin décidé de rejoindre les crêtes de Shira à 3900m, pour avoir une vue d’ensemble sur le massif et profiter de cette montée pour travailler notre acclimatation.
Trekkeurs sur le Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Trekkeurs sur le Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Aux alentours de Johnsell Point, les hautes bruyères ont survécu aux incendies de ces dernières années. Des odeurs d’armoise sont balayées par des bourrasques de vent. La côte 4000 n’est pas loin et le long de cette crête entrecoupée de petits ressauts rocheux, nous croisons les premiers indices de l’altitude. Tout en bas, on peut lire la courbure de la montagne lorsque ses premières pentes quittent la plaine. Le Kilimandjaro apparaît maintenant comme une île dont nous sommes les Robinson.  L’idée s’impose comme une évidence au fur et à mesure que l’on s’élève sur ses flancs. La savane qui nous entoure se noie inexorablement dans les brumes et forme bientôt un océan africain que le regard survole. Seul le mont Mérou émerge de cet infini, comme une île voisine, un repère familier qui nous indiquera l’échelle jusqu’à être dominé outrageusement lorsque l’on s’approchera du sommet.

Le massif du Kilimandjaro

L’insularité de ce massif ne se situe pas seulement dans son isolement géographique. Le Kilimandjaro forme un système complexe qui fédère de grands équilibres écologiques, économiques et culturels. Les trois volcans qui forment  le massif (d’ouest en est, le Shira, le Kibo et le Mawenzi) constituent un formidable réservoir d’eau qui permet aux tribus Chagas d’entretenir des cultures parfois opulentes de maïs, café, cacao, bananes ou avocats, ainsi que de grandes exploitations de bois (mélèzes, pins, eucalyptus)… Toutefois les modifications climatiques sont particulièrement sensibles sur ces écosystèmes fragiles. La fonte importante des glaciers couronnant le sommet ainsi que la déforestation important au XXe siècle et l’extension des surfaces cultivées ont contribué à un assèchement de nombreux cours d’eau ainsi qu’à la diminution du nombre de jours d’écoulements des torrents, en particulier sur le versant oriental dont les roches sont plus poreuses.La crête de Shira domine un large plateau qui représente le cône d’effondrement de ce large volcan, le plus ancien du massif (éteint depuis 250 000 ans). Il vient buter sur l’abrupt versant d’Arrow Glacier (appelé aussi Western Breach) sur lequel nous grimperons dans quelques jours. Prosper Kamili notre guide jumelle longuement en direction des hautes herbes où il espère dénicher des gazelles et des mouflons de montagne. « On a déjà vu des zèbres sur le plateau et même des éléphants… ». Christophe Leservoisier, fondateur de l’agence Atalante et créateur de Sous l'Acacia, est lui attentif à ses clients qui peinent un peu à cause de l’altitude. « Le rythme des premiers jours est essentiel pour réussir son acclimatation, il faut marcher sans essoufflement et boire beaucoup… »
Trekkeurs sur le Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Trekkeurs sur le Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Pierre et Michel, en montagnards chevronnés connaissent ces règles et mesurent leurs pas. Les autres ont plus tendance à avancer par à-coups. Séraphin Matto, qui est le second de Prosper, adopte la technique locale de la marche « Kili ». Il se met en tête de la marche et réduit le rythme à sa plus simple expression. Les voyageurs lui emboîtent le pas et n’ont plus qu’à suivre en profitant du paysage. La montée se fait alors avec une lenteur de gastéropode, mais les risques de surchauffe disparaissent totalement. Ludo et Fred apprécient et affichent un visage concentré en appuyant bien fort sur leurs bâtons télescopiques. De retour du sommet, Fred aura une pensée émue pour cet encadrement rassurant. « pour nous les novices, l’idée même qu’il puisse exister une technique de marche nous échappait totalement. Face à l’immensité que représentait l’ascension, nous aurions pu gaspiller notre énergie et notre motivation en nous épuisant physiquement. Le fait de pouvoir suivre un guide local, qui connaît par cœur la montagne a été à la fois rassurant et stimulant. » Pourtant en apercevant le versant Arrow Glacier ce matin tout le monde a marqué une pause silencieuse. Entre les nuages qui déjà se refermaient sur la montagne, le versant sombre semblait bien raide et austère. De larges névés entrecoupés de barres rocheuses ne laissaient pas apparaître de cheminement facile. Et le sommet semblait encore si lointain… Avant de rejoindre les pentes douces jusqu’au camp de Shira 2, nous profitons de la traversée du plateau pour aller contempler de plus près les Lobélies et quelques de vestiges de Séneçons géants. Ces derniers sont plus rares ici que sur le versant sud de la montagne.

5ième jour : Acclimatation à l'altitude sur les pentes du Kilimandjaro

13 janvier, Montée entre les camps de Shira 2 (3 900 m) et Moir (4000 m), demi-journée d’acclimatation +300 m -200 m. 3 h.

Traversée vers le versant nord du Kilimandjaro.Hier soir nous sommes allés rendre visite au garde du parc national en poste dans sa cabane pour plusieurs jours. L’intérieur était composé de trois couchettes agrémentées d’une table où trônaient les restes de repas frugaux. Dans un coin de la pièce une radio reliée à une grosse antenne posée sur le toit murmurait des conversations inaudibles. « C’est mon lien avec ceux d’en bas, je reste ici pendant dix jours et je suis souvent seul dans la journée. Le soir, les trekkeurs arrivent et le camp s’anime, mais souvent je passe de longues heures dans le mauvais temps, il fait très froid ici … » Jerome Boniphale est originaire du sud de la Tanzanie. Visage rond et souriant, regard concentré lorsqu’il relève les numéros des permis d’ascension. « Au départ j’étais militaire, mais cela ne m’amusait pas trop, après quelques années, on m’a proposé d’être muté dans un parc national, le travail semblait plus varié et mieux payé, j’ai accepté. Je ne connaissais pas le Kilimandjaro, c’est une montagne impressionnante dont les gens ont peur en Tanzanie. Il y fait très froid et on peut tomber malade à cause de l’altitude. Je contrôle les permis et je m’occupe des interventions de secours sur ce versant. La piste de Shira arrive jusqu’au camp et les blessés peuvent être évacués rapidement. Au-dessus, j’interviens avec un brancard à roulettes si le terrain n’est pas trop délicat, mais parfois je dois porter les blessés sur mon dos. Il m’arrive d’être réveillé au milieu de la nuit pour aller secourir quelqu’un atteint du mal des montagnes, il faut aller très vite car les gens peuvent mourir en quelques heures. Même si il y a une tempête je dois partir en pleine nuit avec le risque de me perdre… Ce n’est pas un métier facile. » Le soir Jérôme a reçu la visite de deux jeunes gardes qui sillonnent le parc pour contrôler qu’il n’y a pas d’entorses aux règles strictes de préservation de l’environnement. L’un d’eux nous a expliqué qu’ils se promènent toute la journée avec un grand sac pour ramasser les ordures qui traînent sur les sentiers… Un métier qu’ils trouvent plutôt agréable bien que l’idée de marcher pour son plaisir leur paraît définitivement incompréhensible.
En route vers le Kilimandjaro @Sous l'Acacia
En route vers le Kilimandjaro @Sous l'Acacia
Après une nuit de pluies intermittentes, un soleil pâle éclaire nos premiers pas vers Moir Camp. L’objectif de la journée est situé en bordure du versant nord du Kili à 4000 m d’altitude. L’étape s’effectue principalement en traversée et ne nécessite pas plus de trois heures de marche au rythme lent des guides. Une belle journée d’acclimatation en perspective, dans un environnement d’épaisses coulées de laves qui forment des plis titanesques au creux desquels se nichent des grottes. Sur l’emplacement des camps nous avons la surprise de découvrir un crâne d’éléphant de belle taille à coté d’un ancien refuge plutôt délabré. Ces abris constituaient autrefois l’unique système d’hébergement sur le Kili. Aujourd’hui, seule la voie Marangu (appelée « Coca Cola high way » par les Tanzaniens) est équipée de refuges en durs. Les autres voies, notamment la Machame, qui est la seconde plus utilisée, nécessitent un hébergement sous tentes. Sur l’ensemble des itinéraires d’accès au sommet le Parc National impose des sens de montées et de descentes. Ainsi la voie Rongaï par laquelle nous redescendrons dans trois jours est normalement réservée à la montée et il est nécessaire d’avoir une autorisation spéciale pour l’emprunter dans le sens de la descente. Ce principe facilite la gestion des flux de portages et des éventuels secours mais nuit au sentiment de liberté que l’on pourrait espérer sur un sommet aussi mythique.

Gestion de l'acclimatation

Arrivés au camp de Moir en fin de matinée, nous profitons de l’après-midi pour monter lentement sur les contreforts du Kili, histoire d’améliorer un peu notre capital de globules. Cette gestion de l’acclimatation est la véritable clé d’une ascension qui ne présente pas de difficultés techniques particulières. Les chiffres du KINAPA sont à cet égard éloquents, puisque presque 50 % des trekkeurs qui tentent l’ascension en 6 jours échouent alors que ce taux passe à 90 % pour les expéditions de 8 jours et plus. Notre périple se déroulera sur 8 jours au total et le sommet sera atteint le sixième jour. Pendant la petite semaine de montée nous sommes attentifs à respecter les règles essentielles d’une bonne acclimatation. Marcher lentement, boire beaucoup et effectuer des alternances de montées et descentes. Les nuits sont également importantes. L’idéal serait de ne pas prendre plus de 500 m de différence d’altitude d’un bivouac à l’autre. Entre le camp de Shira et celui de Moir, il n’y a que 100 m d’écart et ces deux jours à une altitude stable facilitent le travail d’adaptation de l’organisme. Pour les membres de notre groupe, les maux de tête sont encore faibles et se dissipent facilement après la prise d’aspirine. Mais Christophe Leservoisier reste méfiant : « c’est au-dessus que tout va se jouer. Demain nous dormons à 4 900 m et après demain c’est la montée vers le sommet à 5 896 m, au total presque 2 000 m de différence avec notre altitude actuelle. Le problème du mal des montagnes réside dans le fait que les signes annonciateurs sont parfois ténus. Maux de tête, baisse de l’activité urinaire, anxiété, essoufflements importants… Souvent les trekkeurs sous estiment ces indices par crainte de paraître douillets ou de devoir redescendre prématurément. Mais il faut bien savoir qu’un mal aigu des montagnes peut avoir des conséquences tragiques, sous forme d’œdème pulmonaire ou cérébral. Dans ce cas, la seule solution est une redescente immédiate et rapide… ». Pierre, l’un des membres de notre groupe, pourtant alpiniste chevronné, a connu une mauvaise expérience sur les flancs du Kili. « j’ai fait toute la montée finale avec des nausées terribles et j’étais incapable de reprendre mon souffle. Arrivé à Gillman’s Point, à 5 681 m, j’étais sur la crête sommitale et dans un tel état physique que j’ai préféré renoncer plutôt que de gravir la longue arête qui rejoint Uhuru Peak. Je n’étais pas le seul dans ce cas. En plus, mon fils avec qui j’avais fait ce voyage, ne se sentait pas très en forme et était resté au camp. J’avais plus envie de le rejoindre que de prendre le risque d’être vraiment mal au sommet. »
Démonstration du caisson hyperbare @Sous l'Acacia
Démonstration du caisson hyperbare @Sous l'Acacia
Avant le diner, Christophe Leservoisier invite tous les membres du groupe à participer à une démonstration de caisson hyperbare devant la tente mess. Ces caissons se sont généralisés sur les expéditions commerciales en altitude. Ils permettent de redescendre artificiellement de 1500 m quelqu’un victime d’un mal aigu des montagnes. Une perte d’altitude suffisante pour enrayer un début d’œdème et attendre une évacuation. Ces caissons sont également très rassurants pour les ascensionnistes inexpérimentés qui sont souvent inquiets des réactions de leur organisme à l’altitude. Dès demain, nous dépasserons l’altitude du Mont-Blanc et un certain nombre de réponses devraient leur être données…

 7ième Jour : Sur les flancs du Kilimandjaro

14 janvier, Montée entre les camps de Moir (4000 m) et de Arrow Glacier (4900 m) via Lava Tower (4600 m) +900 m, 6 h.

Retour sur le versant ouest du Kili, montée au camp d’altitude pour préparer l’ascension vers le sommet. Ce matin la lumière d’altitude semble totalement pure. Le ciel est d’un bleu sombre et le soleil réchauffe vite le camp. Bientôt les tentes sont démontées et la caravane se met en marche lentement à travers de gros blocs éruptifs. Les pentes restent très douces et le groupe suit consciencieusement le rythme imprimé par Prosper. Après deux heures d’ascension nous rejoignons l’itinéraire de la voie Machame et son cortège de porteurs qui montent directement depuis le camp de Shira 2.

Montée à Lava Tower

Sur cet itinéraire la journée est marquée par une montée à Lava Tower, une impressionnante tour de lave d’une centaine de mètres de haut à 4 600 m, vestige de quelque éruption titanesque. La voie Machame redescend ensuite vers le camp de Barranco à 4000 m. Au-delà de Lava Tower l’itinéraire d’Arrow Glacier que nous suivons monte lui directement sur encore 300 m jusqu’à un campement au pied du versant raid. Les porteurs nous doublent joyeusement semblant totalement insensibles à l’altitude et au poids de leurs charges. Ce métier de porteur sur les flancs du Kili est né avec le développement du tourisme. Si la plupart des agences développent aujourd’hui une éthique garantissant un salaire et des conditions de travail acceptables, cela n’a pas été toujours le cas. Pendant longtemps, les porteurs étaient sous équipés, mal payés et devaient porter des charges de  plus trente kilos. Ces excès sont devenus plus rares mais n’ont pas pour autant disparus et chaque année des hommes meurent sur le Kilimandjaro, pris dans des tempêtes ou victimes de l’épuisement et de l’altitude. Toutefois, les risques ne sont pas uniquement liés aux conditions de travail. Même en adoptant toutes les mesures possibles pour protéger les porteurs, des accidents imprévisibles peuvent survenir,  comme nous pourrons le constater demain…
L’arrivée à Lava Tower se fait par un étrange cheminement au travers de petites fumerolles qui rappellent que l’activité volcanique est encore bien présente. La dernière éruption du Kibo date du début du XIXe siècle, alors que son voisin le Mont Méru a vécu sa plus récente période active dans les années 1910. L’activité volcanique est en revanche restée très intense le long de  la faille de la Rift Valley, notamment sur le volcan d’Oldonyo Lengaï, la montagne sacrée des Masaï. Le soleil du début de matinée est maintenant oublié et d’épais nuages sombres enveloppent l’austère tour de lave. Un petit sentier nécessitant quelques pas d’escalade permet de rejoindre son sommet d’où la vue plongeante est impressionnante sur les campements dressés à son pied. Notre équipe arrive en ordre dispersé. Les conséquences de l’altitude commencent à se faire sentir. Jérémy, avec sa carrure de troisième ligne de rugby est celui qui souffre le plus. L’équipe des cuisiniers, emmenée par Pascal Kamili, le frère de Prosper, a dressé la tente mess pour que les trekkeurs fatigués puissent se reposer. Le pauvres Jérémy s’effondre et dort pendant deux heures. Fred qui ne se sentait pas très en jambes tout au long de la montée appréhende avec anxiété les 300 derniers mètres avant le camp. Camille et Joss, nos deux « anciens » sont eux en pleine forme et déjeunent de bon appétit le plat de légumes et de pommes de terre préparé par Pascal. Un grésil glacial nous fouette le visage au moment d’entamer la montée raide vers le camp d’Arrow Glacier. Deux heures plus tard, tout le monde est réuni autour d’un thé bien chaud à 4 900 m. Fred se sent rassuré « J’ai l’impression que la montagne m’a accepté, maintenant que je suis là, rien ne m’arrêtera jusqu’au sommet… ».
Montée à Lava Tower @Sous l'Acacia
Montée à Lava Tower @Sous l'Acacia
Chacun commente l’étape écoulée et se projette déjà dans la journée de demain. Les nuages qui se sont inexorablement accrochés au cours de l’après-midi nous enferment au pied de l’impressionnante Western Breach. Goulottes de glaces et ressauts sombres se perdent dans le gris des brumes. Par la timide ouverture de la tente nous cherchons l’itinéraire de la nuit prochaine. Cet éperon ? Ce névé ? Veillée d’arme, comme une veillée d’impatience où chacun navigue entre inquiétude et transcendance. Il y a quelque chose d’héroïque dans cette ascension, au sens le plus humain du terme. Et même si cela peut faire sourire les montagnards purs et durs pour qui le Kili reste un gros tas de cailloux disgracieux, il n’en demeure pas moins que cette montagne là est unique au monde. Peut-être parce qu’elle est la plus accessible des « grandes montagnes », un absolu à la portée de (presque) tous et un repère culturel inscrit dans nos histoires personnels, entre Hemingway et Walt Disney. Tant et tant d’histoires transmises par cette vision récurrente et inaltérable de la grande montagne bordée de blanc qui domine la savane africaine. C’est sur les flancs de cette montagne là, celle de nos utopies et de nos rêves, que chacun tentera de trouver le sommeil pendant les quelques heures apnéiques qui nous séparent d’une journée mémorable.  

Montée à Uhuru Peak

Espoirs et craintes conduisent donc les premiers pas hésitants au cœur de la nuit. La voie d’Arrow Glacier est certainement la plus intéressante pour gravir le Kili. Alors que les montées de Marangu et Machame se font sur des éboulis poussiéreux définitivement rébarbatifs, le Western Breach se gravit par un versant raide où l’on rejoint un petit éperon bordé de grandes goulottes de glace. Si la neige est abondante une paire de crampons peut-être nécessaire, mais la pente reste raisonnable et les risques de chutes peu importants. En revanche les premières lueurs du jours nous font découvrir un paysage inoubliable. Notre île est maintenant suspendue en plein ciel. Au loin, tout petit, le mont Mérou n’est plus qu’un maigre récif. A nos pieds, le plateau de Shira et les pentes qui s’enfuient vers la plaine ondulant dans une brume incertaine, 4 000 m plus bas. Le rythme est lent et chacun vit « son Kili ».
Notre équipe à Uhuru Peak @Sous l'Acacia
Notre équipe à Uhuru Peak @Sous l'Acacia
Quelque chose de complexe et d’unique où se mêlent souffle court et jubilation toute simple d’être là, dans une confrontation pacifique avec nos petites mythologies intérieures. Les derniers mètres sous le cratère se font dans l’impatience du soleil qui nous frappe soudain. En une seconde le paysage s’ouvre et la lumière nous inonde. A quelques mètres le glacier de Furtwangler ressemble à une œuvre de l’artiste Miro. Cette glace blanche posée sur un sable ocre est d’une bouleversante délicatesse. Une glace qui autrefois couvrait la presque totalité du cratère et dont l’inexorable disparition résume la lente (et planétaire) agonie d’une nature asservie.   

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